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Aider la biodiversité - commencer par son jardin

29 mai 2023
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Par l'équipe Nouveaux voisins

Pendant qu’on voit clairement les impacts des changements climatiques sous forme de tempêtes, sécheresses et inondations répétées, le déclin de la biodiversité s’opère en silence et semble être un problème loin de nous et de nos milieux. Lors des discussions dans le cadre de la COP15 sur la biodiversité, on nous présente ce déclin par différentes données. On dit que 57 espèces fauniques et 86 espèces floristiques figureront bientôt sur les listes d’espèces menacées ou vulnérables au Québec. Ou encore qu’il faille augmenter les surfaces protégées de 17 à 30% d’ici 2030. Seulement sur le territoire de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), les infrastructures naturelles, un ensemble d’espaces verts et bleus interreliés permettant de préserver les caractéristiques et fonctions écologiques d’un milieu, ont diminué d’environ 50 % entre 1965 et 2010 (Dupras et Alam, 2015). Si la tendance d’urbanisation se poursuit, près de 36 % des milieux naturels existants dans la CMM pourraient disparaître d’ici 2050.

Les indicateurs et les cibles sont essentiels car ils permettent d'orienter et soutenir les actions publiques en matière de protection des milieux naturels et d’augmentation de la biodiversité. Mais, au-delà de ces grands objectifs, quel pouvoir avons-nous en tant qu’individus quant à cet enjeu planétaire accablant?

Tout comme la crise climatique, la crise de la biodiversité est causée en grande partie par nos façons d’aménager, d’habiter et d’exploiter les territoires. Nos activités sont guidées par une vision du développement qui remplace des écosystèmes naturels complexes et riches par des environnements écologiquement pauvres, où le gazon, l’asphalte et l’automobile s’imposent. Nos quartiers retentissent d’un étrange silence, car les insectes et les oiseaux n’y trouvent pas les ressources nécessaires pour s'abriter, se nourrir et se reproduire.

Au-delà des efforts de protection des milieux naturels qui doivent absolument être déployés sur le champ par les gouvernements à toutes les échelles, nous avons de notre côté la capacité de rendre une partie du territoire accueillante pour de nouveaux voisins. Nos propres cours et jardins peuvent être des lieux de choix pour les plantes indigènes, les monarques, les grenouilles des bois, les martinets ramoneurs et bien d’autres!

Crédits photo : TJ Holowaychuk

Dans ce contexte, il peut être rafraîchissant de poser le regard sur les besoins des autres êtres vivants qui nous entourent. Il s’agit tout simplement de déposer les lunettes qui nous font voir de manière anthropocentrique (les humains au centre) et essayer celles qui donnent une perspective plus écocentrique (valeurs centrées sur la nature). Nous faisons partie de la grande communauté diversifiée du vivant donc il est naturel de partager nos milieux de vie avec d'autres espèces pour s’épanouir ensemble. Avec cette perspective, nous pouvons entamer la restauration écologique de nos cours et restituer nos relations de confiance avec la nature.

Sommes-nous capables de changer nos habitudes pour redonner 50 % de nos cours et nos jardins aux insectes, oiseaux et petits mammifères? Pouvons-nous laisser pousser les asters dans nos pelouses et nos carrés d’arbres, planter des chênes, des cerisiers, des sureaux et s'asseoir quelques minutes par jour pour observer ces petits oasis foisonner de vie au fil des saisons et des années?

Cela peut être étonnant, mais pour se sentir mieux chez soi, il suffit parfois de connaître le nom de nos voisins, qu’ils soient humains ou non.

Pour vouloir soutenir la diversité du vivant en milieu urbain, ça commence avec un jardin, une jardinière, un bout de balcon, etc. Le jardin est l’endroit où débute cette réparation entre nous et le vivant; ou l’on redécouvre notre agentivité dans les cycles de la nature. Ça commence avec un jardin qui répond à nos besoins, ceux des autres espèces et selon nos moyens et capacités. Ça commence avec un jardin imparfait, un jardin en mouvement, un jardin qui ne sera jamais terminé. Ça commence avec un jardin simplement parce que c’est le fun, beau et généreux. On peut, nous les humains, faire du bien, ça commence peut-être avec un jardin.

Source

Dupras, J. et Alam, M. « Urban Sprawl and Ecosystem Services: A Half Century Perspective in the Montreal Area»,. Journal of Environmental Policy and Planning, 17, 180–200, 2015.